La vie d'artiste awd
1840-1902
Émile Zola, à la naissance d'Alphonse Quizet - même mois, même
année - ébauche le quatorzième roman de la série des
Rougon-Macquart : l'Œuvre. Il parcourt à pied les quais, passe et
peut-être s'attarde devant le café de Joseph et Léontine Quizet,
entre le pont Neuf et le pont Marie : " ce berceau et ce cœur de
Paris, où depuis des siècles vient battre tout le sang de ses
artères, dans la perpétuelle poussée des faubourgs qui envahissent
la plaine ". Comme un cinéaste, Zola fait ses repérages et arpente
le paysage où il fera vivre son héros. Le romancier choisit du
regard, sur l'Ile Saint-Louis, sous les toits d'un immeuble du quai de
Bourbon, " une baie vitrée que des moineaux viennent battre de l'aile
". Ce sera l'atelier du peintre de plein air Claude Lantier.
De sa verrière haut perchée, le héros de Zola aurait pu lire sans
difficulté, sur l'autre quai, l'inscription du calicot " changement de
propriétaire " qui barrait la vitrine de l'ancien café Clermont que
venaient d'acquérir les Quizet ; et où Alphonse venait de naître.
La silhouette du peintre de plein air qui ombrage le berceau d'Alphonse
Quizet a-t-elle marqué quelque peu la destinée du nouveau-né ? il
semble que non. Le perpétuel accouchement si douloureux, la lutte de
l'artiste contre la nature et l'effort de la création dans l'œuvre
d'art, qui forgeront le tragique destin du peintre du roman de Zola
n'auront pas de prise sur le devenir de l'enfant des marchands de vin.
Les vies tragiques d'artistes ne sont pas inéluctables, la peinture
peut aussi apporter rémission aux angoisses de l'homme, à celles de
son créateur autant qu'à celles du spectateur. Mac Orlan s'en est
convaincu en regardant l'œuvre d'Alphonse Quizet qui donne, dit-il,
à la peinture sa puissance d'apaisement.
La vie d'artiste
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