La vie d'artiste awd
Saint-Georges de Bouhélier
Dès 16 ans, avec son ami Maurice Le Blond qui n'en a pas 15, il fonde un
journal, L'Académie française, en faisant appel aux esprits avancés, à ceux
qui passent pour les pires démolisseurs.
Verlaine répond à leur missive. en les appelant "Chers confrères" ! Le jeune
Bouhélier, bouleversé, dévore de plus belle les ouvres de son désormais
collègue et échoue au bac deux fois, sans état d'âme. La vie ne l'intéresse
que « pour les possibilités qu'elle procure à chacun d'entrer en communion
avec l'invisible et de cultiver son âme ». En automne 1893, il s'installe à
Montmartre, il a 17 ans.
Sa famille ne sait que faire de ce songe-creux, de ce désaxé de la vie
réelle. Bouhélier est encaserné par son père dans l'administration du
métropolitain, où il se livre à de vagues petits travaux de copie, en un
état quasi somnambulique ; il tient à peine debout, car il passe ses nuits à
écrire fiévreusement, sans jamais se relire, pourfendant l'orthographe,
bravant la syntaxe, allant tout droit où sa plume le porte ; on lui a trouvé
un gîte, un terrible petit rez-de-chaussée, exigu et sombre comme l'enfer,
tout en haut de l'étroite rue Rodier. Il y vit retiré, comme dans un
campement, et dans un état permanent d'exaltation. La pauvreté est idéale -
les poètes, les vrais, Verlaine, Villiers de l'Isle Adam, Nerval, n'ont
jamais eu de bas de laine - et la noirceur de l'existence donne des ailes à
ses vers. La vie d'artiste
viedartisteawd@gmail.com |
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